La « politique de la solitude » : démasculiniser les récits du souverainisme russe
Dans ce projet de recherche, j’analyse la manière dont le discours politique russe lie la masculinité/féminité aux niveaux macro et micro de la solitude afin de légitimer le nationalisme de la « Grande Russie » à travers une « politique de la solitude » masculine. Par les « politiques de la solitude » j’entends les formes de politisation de la solitude humaine, et plus spécifiquement de « l'angoisse de la solitude » existentielle, visant à construire la légitimité d'une identité collective particulière et à préserver son insécurité ontologique.

Le problème peut donc être formulé comme suit : le souverainisme et le nationalisme russes modernes peuvent être légitimés et alimentés de manière significative par la réduction au silence de la masculinité et par « l'angoisse de la solitude » ; leur impact peut être identifié par une analyse plus systématique des dimensions relevant des affaires intérieures, étrangères et transnationales du discours politique russe.

Au cœur de mon projet réside la question suivante : pourquoi et dans quelle mesure les notions de « masculinité » et « d'angoisse de la solitude » contribuent-elles à expliquer la légitimation du souverainisme russe et du nationalisme genré dans les affaires intérieures et étrangères ? Cette recherche ne vise pas à faire ressortir une relation de cause à effet monocausale. La formulation de cette question suggère que, en plus de la masculinité et de l'angoisse de la solitude, d'autres facteurs peuvent contribuer à expliquer la légitimation du souverainisme nationaliste russe. Cependant, je me concentrerai sur l'objectif central de la recherche, qui consiste à examiner le discours idéologique du souverainisme en tant qu'outil de structuration de la différence et de la domination à travers la gestion des angoisses de solitude masculine dans la société russe moderne.

Non seulement je soutiens que les États peuvent parler au nom de leur peuple lorsque le discours sur la souveraineté fait directement ou implicitement appel à une « angoisse de la solitude » définie au niveau national ou civilisationnel par le peuple, mais dans des sociétés comme la Russie, dominées par le « regard masculin » sur la politique, l'exploitation de l'angoisse de la solitude conduit à ce que le souverainisme devienne une « solitude masculine organisée ».

Je commencerai par (1) décrire les recherches psychologiques sur la solitude, j’analyserai ensuite (2) les liens entre ces recherches, la théorie politique et les relations internationales. (3) J'expliquerai le lien entre « la solitude » et « le souverainisme nationaliste », (4) je justifierai le choix de la Russie comme un cas d’étude. Ensuite, j’expliquerai pourquoi la démasculinisation des récits du souverainisme russe est impossible sans prendre en compte l'analyse de la dimension silencieuse du « nationalisme genré » de la « politique de la solitude » en Russie. Enfin, je comparerai la politique de la solitude « verticale » du nationalisme genré avec des pratiques horizontales et transnationales de gestion de la solitude par « les Russes du monde » (“Global Russians”) au niveau microéconomique, lesquelles permettent de démasculiniser ce nationalisme.
Pour en savoir plus, voir par exemple :

  1. Akopov Sergei. ‘When women speak phallocentric positionalities: biopolitics of feminine loneliness in Russian cinemascape,’ Visual Anthropology (forthcoming, 2023). DOI: 10.1080/08949468.2023.2208480.
  2. Vera Ageeva & Sergei Akopov. 2022. ‘Global Russians’: A Case Study of Transnational Actors in World Politics, Europe-Asia Studies, 74:8, 1325-1349
  3. Akopov, Sergei. 2021. Sovereignty as ‘organized loneliness’: an existential approach to the sovereigntism of Russian ‘state-civilization’, Journal of Political Ideologies, October 25, DOI: 10.1080/13569317.2021.1990560
  4. Akopov, Sergei. 2021. Obshchestvennyj ideal: «ontologicheskaya bezopasnost'» i «politika odinochestva», [Social ideal: ontological security and politics of loneliness] Chelovek. (32:4), 5-26.
  5. Akopov, Sergei. 2021. ‘Sovereignty’ and ‘Intervention’ Metaphors of Russia’s Loneliness in a Global World, in: Envisioning the World: Mapping and Making the Global. Ed. by M. Albert, S. Holtgreve, K. Preuß. Bielefeld: Transcript Verlag, 145-164.
  6. Akopov, Sergei. 2020. Russia’s ‘fortresses of solitude’: Social imaginaries of loneliness after the fall of the USSR. Social Science Information. Vol. 59. No. 2, 288-309.
Dans ce projet de recherche, j’analyse la manière dont le discours politique russe lie la masculinité/féminité aux niveaux macro et micro de la solitude afin de légitimer le nationalisme de la « Grande Russie » à travers une « politique de la solitude » masculine. Par les « politiques de la solitude » j’entends les formes de politisation de la solitude humaine, et plus spécifiquement de « l'angoisse de la solitude » existentielle, visant à construire la légitimité d'une identité collective particulière et à préserver son insécurité ontologique.

Le problème peut donc être formulé comme suit : le souverainisme et le nationalisme russes modernes peuvent être légitimés et alimentés de manière significative par la réduction au silence de la masculinité et par « l'angoisse de la solitude » ; leur impact peut être identifié par une analyse plus systématique des dimensions relevant des affaires intérieures, étrangères et transnationales du discours politique russe.

Au cœur de mon projet réside la question suivante : pourquoi et dans quelle mesure les notions de « masculinité » et « d'angoisse de la solitude » contribuent-elles à expliquer la légitimation du souverainisme russe et du nationalisme genré dans les affaires intérieures et étrangères ? Cette recherche ne vise pas à faire ressortir une relation de cause à effet monocausale. La formulation de cette question suggère que, en plus de la masculinité et de l'angoisse de la solitude, d'autres facteurs peuvent contribuer à expliquer la légitimation du souverainisme nationaliste russe. Cependant, je me concentrerai sur l'objectif central de la recherche, qui consiste à examiner le discours idéologique du souverainisme en tant qu'outil de structuration de la différence et de la domination à travers la gestion des angoisses de solitude masculine dans la société russe moderne.

Non seulement je soutiens que les États peuvent parler au nom de leur peuple lorsque le discours sur la souveraineté fait directement ou implicitement appel à une « angoisse de la solitude » définie au niveau national ou civilisationnel par le peuple, mais dans des sociétés comme la Russie, dominées par le « regard masculin » sur la politique, l'exploitation de l'angoisse de la solitude conduit à ce que le souverainisme devienne une « solitude masculine organisée ».

Je commencerai par (1) décrire les recherches psychologiques sur la solitude, j’analyserai ensuite (2) les liens entre ces recherches, la théorie politique et les relations internationales. (3) J'expliquerai le lien entre « la solitude » et « le souverainisme nationaliste », (4) je justifierai le choix de la Russie comme un cas d’étude. Ensuite, j’expliquerai pourquoi la démasculinisation des récits du souverainisme russe est impossible sans prendre en compte l'analyse de la dimension silencieuse du « nationalisme genré » de la « politique de la solitude » en Russie. Enfin, je comparerai la politique de la solitude « verticale » du nationalisme genré avec des pratiques horizontales et transnationales de gestion de la solitude par « les Russes du monde » (“Global Russians”) au niveau microéconomique, lesquelles permettent de démasculiniser ce nationalisme.
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  1. Akopov Sergei. ‘When women speak phallocentric positionalities: biopolitics of feminine loneliness in Russian cinemascape,’ Visual Anthropology (forthcoming, 2023). DOI: 10.1080/08949468.2023.2208480.
  2. Vera Ageeva & Sergei Akopov. 2022. ‘Global Russians’: A Case Study of Transnational Actors in World Politics, Europe-Asia Studies, 74:8, 1325-1349
  3. Akopov, Sergei. 2021. Sovereignty as ‘organized loneliness’: an existential approach to the sovereigntism of Russian ‘state-civilization’, Journal of Political Ideologies, October 25, DOI: 10.1080/13569317.2021.1990560
  4. Akopov, Sergei. 2021. Obshchestvennyj ideal: «ontologicheskaya bezopasnost'» i «politika odinochestva», [Social ideal: ontological security and politics of loneliness] Chelovek. (32:4), 5-26.
  5. Akopov, Sergei. 2021. ‘Sovereignty’ and ‘Intervention’ Metaphors of Russia’s Loneliness in a Global World, in: Envisioning the World: Mapping and Making the Global. Ed. by M. Albert, S. Holtgreve, K. Preuß. Bielefeld: Transcript Verlag, 145-164.
  6. Akopov, Sergei. 2020. Russia’s ‘fortresses of solitude’: Social imaginaries of loneliness after the fall of the USSR. Social Science Information. Vol. 59. No. 2, 288-309.